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Véhicule électrique: l’expérience Norvégienne

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A l’heure où la France se demande comment tenir l’objectif de 2040, annonçant la fin de la commercialisation des voiture thermiques, Niko est parti en Norvège pour observer de près ce pays qui en l’espace de quelques années est devenu le plus électrifié et vise le même objectif pour 2025.

La semaine dernière, Nicolas Hulot, ex participant au Dakar et désormais ministre de l’environnement, annonçait son plan climat. Parmi les mesures annoncées, il y en a une qui a retenu notre attention et fait couler beaucoup d’encre depuis : l’interdiction de vendre sur le marché Français des véhicules thermiques essence ou diesel à compter de 2040. Les réactions ne se sont pas fait attendre, entre bagnolards dépités, écologistes intégristes ou journalistes souvent mal informés.

La Range numéro 206 de Nicolas Hulot au Paris-Dakar 1980

Chez Boîtier Rouge on aime l’automobile, nous aimons même toutes les automobiles ou presque. Cela ne nous rend pas aveugles pour autant et ne nous empêche pas d’essayer d’aller un peu plus loin qu’un simple effet d’annonce. Premièrement cette interdiction n’en est pas vraiment une pour l’instant, il s’agit d’un objectif, pas si ambitieux que cela, si on considère la position d’autres pays européens.

Deuxièmement, contrairement à ceux qui réagissent sans lire le projet, il ne s’agit pas d’une interdiction de rouler pour les véhicules thermiques, mais seulement de la commercialisation de modèles neufs. Mais avant toute chose, il s’agit là d’un faux débat. Il est évident et certain qu’en 2040, nous roulerons tous en électrique et que même l’hybridation sera devenue marginale.

Une marque comme Volvo a d’ailleurs annoncé renoncer à partir de 2019, à sortir des véhicules thermiques. Toutes les nouveautés de la marque seront désormais hybrides ou full électriques. Pourtant, aujourd’hui, malgré leur agrément de conduite, leur faible coût d’usage et une offre qui se développe, la voiture électrique peine à convaincre l’acheteur européen. Même en France, malgré la locomotive Renault, les ventes peinent à décoller.

Parmi les plus gros marchés pour les VE dans le monde, les USA, la Chine, la Hollande et surtout la Norvège. Boîtier Rouge est parti à Oslo sur l’invitation de Volkswagen pour découvrir la gamme électrique du constructeur mais aussi pour découvrir le modèle Norvégien. Comment la Norvège est devenue le pays le plus électrifié au monde, pourquoi cela fonctionne là bas et pas chez nous? Quel est le quotidien d’un conducteur Norvégien? Respire-t-on mieux à Oslo qu’à Paris? Croise-t-on encore des Th!nk City, éphémère citadine made in Norvège?

Après avoir jeté mon dévolu sur une Passat GTE sur le parking de l’aéroport, je me rend vers le centre ville. Avant d’entrer dans la ville vous passez devant des caméras précédées d’un panneau indiquant le tarif pour une voiture particulière : 33 Couronnes Norvégiennes, soit 3,57 euros. C’est le prix à payer pour entrer dans Oslo. Des péages urbains de ce genre sont disposés sur l’ensemble des routes entrant dans la ville. Nul besoin de s’arrêter, grâce à l’Autopass présent sur le pare brise, la facturation est immédiate et automatique. Si vous ne disposez pas de ce badge, votre plaque est prise en photo et vous recevrez la facture par voie postale. Les motos et cyclomoteurs sont exonérés, mais pas les véhicules des étrangers, qui recevront leur facture papier sous quelques semaines.

Niko se balade à Oslo

En arrivant dans le quartier de Tjuvholmen, le staff VW me propose une balade en vélo pour découvrir la ville avant la conférence de presse. Mais le temps est menaçant et je décide de partir seul en ville avec une voiture faire pour ça, la VW e-Up. Oui, ça existe ! Vous n’en avez sûrement pas vu beaucoup en France mais ici elle se fond parfaitement dans le paysage. En Norvège le mix des ventes de la Up pèse en faveur de la version électrique à 70% pour 30 % d’essence. Je pars sur les hauteurs de la ville. Tiens je viens de croiser à la sortie du parking une Tesla (lire aussi : road trip en Tesla Model S). Puis une autre près du rond point, et une troisième qui me double. J’ai fait 500 mètres et j’ai vu plus de voitures électriques qu’en une journée dans Paris. (Non, Monsieur, la Bolloré c’est pas ce qu’on appelle une voiture).

Rapidement je renonce à les compter tant croiser une thermique relèverait presque de l’exploit. Alors que je m’arrête pour prendre quelques photos, je me rend compte que la plupart des parkings disposent de prises de recharge, souvent rapides. J’en profite pour interroger une grande blonde qui vient brancher sa BMW I3 à une borne. Elle m’explique que l’autonomie n’est jamais un problème puisque les infrastructures de recharge lui permettent de “biberonner” à chaque arrêt. Ici vous vous arrêtez 15 minutes pour faire deux courses et vous récupérez 50 kilomètres d’autonomie. Souvent elle se permet même de s’abstenir de recharger puisque la voiture est en charge chez elle toutes les nuits, et en journée au bureau. Même en habitant à 60 kilomètres de la capitale elle ne s’est jamais retrouvée dans une situation de stress, faute de réserve.

Sachez qu’il y a en Norvège 8778 bornes de recharge, dont 2219 dites “rapides” et que ce chiffre est appelé à exploser dans les prochaines années. La recharge est gratuite sur les bornes publiques à vitesse lente et coûte 0,25 euro la minute sur les bornes à vitesse rapide. Une recharge de 30 minutes sur une Tesla vous coûtera 7,50 euro pour 270 kilomètres récupérés. Impensable sur une thermique. L’électricité étant beaucoup moins chère qu’en France, un plein complet à la maison reviendra à à peine 2 euros. D’autant qu’ici il n’y a pas de tarifs jour ou nuit, le coût est toujours le même.

Une autre surprise vient du faible nombre de véhicules en circulation. Nous sommes dans une capitale mais on se croirait volontiers dans une ville moyenne de province. Les voitures sont rares, le silence est incroyable et on respire à pleins poumons. N’emmenez pas Anne Hidalgo à Oslo, elle interdira la voiture dans Paris. Nous sommes vendredi soir, et après une heure autour de la ville et dans le centre ville, je n’ai rencontré aucun bouchon ou même ralentissement. Des boulevards entiers presque déserts. J’en profite pour allonger mon parcours et je pousse jusqu’au site olympique de saut à ski situé au sommet d’une côte. L’occasion rêvée de voir ce que cette e-up a dans le ventre. Ce modèle 100% électrique dispose d’une batterie de 18,7 Kw. Pour vous donner une idée, elle se recharge sur une prise rapide (40 Kw) à 80% en 30 minutes. Sur une borne de recharge “normale” et gratuite de 3,6 Kw, elle réclamera 6h pour se charger à 100% et pourra remplir également ses batteries en 9h sur votre prise domestique. De quoi aller partout en e-up en charge rapide, charger complètement dans le garage de votre bureau ou attendre le soir pour récupérer une batterie pleine pendant votre sommeil.

Sur les 50 premiers mètres au feu rouge, mon petit bolide fume tout ce qui bouge. Très agréable en ville, surtout quand comme moi vous vous retrouvez sur la mauvaise file. Dans les lacets menant au sommet, la VW ne manque pas de souffle mais l’association de la pluie et des pneus verts tend à élargir les trajectoires. Ca sous-vire mais on reste dans le ludique. Je commence à adorer ce petit sifflement à l’accélération. Dans ces conditions l’autonomie prend une méchante claque. Je commence à douter de la capacité de cette Up à tenir une après midi entière sans recharger. Au retour dans la grande descente la facilité avec laquelle les batteries se rechargent seules me rassure. En quelques kilomètres à peine de descente, la citadine Allemande fait un bond en autonomie de 45 kilomètres sans effort particulier de ma part. Finalement après environ 25 bornes, je reviens au parking avec une autonomie amputée de…35 kilomètres. N’ayant pas adopté une conduite très économique, multipliant les départs canons et les routes en dévers, ce score est largement améliorable.

Ce soir Boîtier Rouge a rendez vous avec VW Norvège ou plus exactement son importateur dans le pays. Le groupe Moller importe depuis 1948 la marque VW sur le marché Norvégien. Au fil de décennies les autres marques du groupe sont venues rejoindre le catalogue. La plus grande société automobile norvégienne emploie aujourd’hui 4107 employés dans 5 pays, avec une part de marché en Norvège de 25% faisant de l’importateur, le numéro 1 du marché. Au total ce sont 1,4 millions de véhicules qui ont été importés par Moller, pour livrer 750 000 clients. Au fil des ans Moller est devenu un partenaire clé du groupe VW et à l’heure de prendre le grand virage de l’électrification de la gamme, un exemple à suivre. Pour VW la Norvège n’est pas seulement un modèle mais aussi un marché important. Un tiers de la production « propre » de VW est écoulé dans ce pays.

Entre 2013 et fin juin 2017, ce sont 6479 e-up, 18033 e-Golf, 7577 Golf GTE et 4477 Passat GTE qui se sont écoulées au pays du saumon fumé pour un total de 36 566 exemplaires dits propres, hybrides ou full électriques. Aujourd’hui circulent en Norvège 100 000 véhicules électriques. L’objectif est d’atteindre rapidement les 400 000 VE. Et le pays est bien parti pour atteindre cet objectif puisque en 2017 une voitures immatriculée sur 2 est hybride ou rechargeable. Quand l’objectif Français évoque 2040 pour interdire la vente de thermiques, ici on vise 2025. Et la prévision pour 2017 qui tablait sur 40% de voitures propres est déjà explosée par les chiffres de ventes. La part de véhicules thermiques qui était de 99,7% du marché en 2010, passera sous la barre des 35% en 2020 pour finir à 0 en 2025.

La Norvège, c’est bien en bateau aussi !

Cette transition s’est faite sans cris, sans drames et sans problème pour des Norvégiens dont la fibre écologique est plus marquée ici qu’ailleurs. Aux dernières élections municipales d’Oslo, où le taux d’abstention était fort, seul le parti vert parvenait à mobiliser son électorat. Depuis les écologistes sont à la tête de la ville. Contrairement en France où on stigmatise les propriétaires de voitures anciennes en les empêchant de rouler, (non je ne vise personne..) ici on a donné envie aux automobilistes de changer leur mode de vie. En plus des infrastructures de recharge financées par un fond gouvernemental, de la fibre écologique et de la formation des revendeurs, on a multiplié les aides fiscales. Elles sont nombreuses et il serait surement impossible de toutes les citer. Parmi ces aides, la suppression pour les électriques et la réduction pour les hybrides de la taxe d’immatriculation qui représente ici plusieurs milliers d’euros à rajouter au prix d’un véhicule thermique. Ici les VE sont moins chères ou au même prix que le modèle diesel. Les VE sont exonérés de taxe sur les sociétés, de TVA, de taxe d’import. Les péages urbains et autoroutiers sont gratuits, de même que les recharges publiques et les parkings. Les voies de bus peuvent être empruntées par les électriques et même les utilisateurs des navettes en Ferry sont exonérés. Le covoiturage est encouragé par des voies de bus réservées aux conducteurs transportant au moins un passager et les municipalités financent les bornes de recharge dans les centre commerciaux, les résidences privées ou les parkings sans distinction.

Paradoxe : la Norvège peut financer ces aides grâce à l’argent du pétrole et du gaz, dont elle est un gros producteur. Ses deux fonds « pétrolier » (Statens pensjonsfond Utland et Statens pensjonsfond Norge) gèrent des actifs estimés à 878 milliards de dollars, de quoi assurer l’avenir des Norvégiens lorsque les gisements de la Mer du Nord seront épuisés en gaz comme en pétrole. Avouez que financer l’électricité par le pétrole, fallait y penser !

Je ne vous ai pas encore parlé de la e-Golf et je sens que vous êtes en train de changer d’avis sur l’électrique. Mais je sens aussi venir cette question que tout le monde pose dans les dîners quand on évoque la voiture électrique : « bah oui mais l’électricité elle vient d’où » ? En France vous le savez on produit l’électricité avec nos réacteurs nucléaires, souvent en panne, ou pas aux normes de sécurité avant même leur mise en service (EPR de Flamanville) et hors de prix. On nous promet que la contrepartie de tout cela est l’indépendance énergétique et que notre électricité est la moins chère. Sachez que tout cela est faux, l’électricité est tellement bon marché en Norvège que la consommation moyenne par habitant est la plus élevée du monde. Ne soyez pas choqués si vous voyez des lumières allumées en plein jour, c’est chose courante dans ce pays. Ici on ne cache pas les chiffres du démantèlement nucléaire puisqu’il n’y a tout simplement pas de centrales. 99% de l’électricité Norvégienne provient de l’hydroélectricité, c’est à dire les barrages. Le pourcent restant provenant de l’éolien.

Reste une problématique, que je pose au responsable de Moller, un Français vivant à Oslo depuis une dizaine d’années. Comment cela va se passer maintenant que tout le monde passe à l’électrique? Les aides vont elles disparaître et amputer l’intérêt des VE? La réponse peut étonner et pourtant elle résume bien l’état d’esprit Norvégien : :”Ici nous avons compris que le manque à gagner des taxes liées à l’automobile n’atteindra jamais le coût en santé publique et en bien être des véhicules diesel”.

En bon lecteur de Boîtier Rouge et amateur de bizarrerie, vous vous demandez si j’ai croisé ne serait ce qu’une Think City? Aucune, il n’y a pas plus de Think City à Oslo que de Mia à Paris… Normal me direz-vous : la marque a fait faillite en 2011 après seulement 2236 exemplaires vendus. Malgré son rachat par une entreprise américaine, la production n’a pourtant jamais repris depuis !


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