Cette semaine je me suis rendu à Wolfsburg sur invitation de VW pour visiter l’usine historique du groupe, ainsi que l’Autostadt, immense parc de loisir situé en face du complexe industriel (lire aussi: l’histoire de Wolfsburg). L’occasion de redécouvrir la riche histoire de la marque aux origines tourmentées et de réviser ses classiques. Savez vous quel est le modèle le plus vendu depuis les origines du constructeur? La Cox? 21 529 464 exemplaires produits. Ou alors la Golf qui, si on additionne toutes les générations a dépassé depuis quelques années les 30 millions? Non, le modèle le plus produit c’est la Currywurst. VW en a vendu 7.2 millions en 2015 et en fabrique 30 000 par jour dans ses ateliers de Wolfsburg.
Oui, VW est aussi producteur de saucisse! Peugeot fait bien des moulins à poivre… Dans l’enceinte de l’usine de Wolfsburg, Francesco Lo Presti, charcutier, veille sur la production de ce modèle un peu particulier. Une trentaine de petites mains sont sous ses ordres, au service de la saucisse. Depuis longtemps cette saucisse au curry a conquis les employés. On la retrouve à la cantine où j’ai pu me rendre pour déjeuner. Un immense réfectoire avec des milliers de places assises où les ouvriers allemands se rendent à heure fixe. L’allemand est ponctuel. Ainsi, si vous arrivez à 13 h pour déjeuner, vous trouverez une cantine vide ou presque où le silence règne. Ici on ne rigole pas en mangeant. D’ailleurs on ne rigole pas non plus avec la Currywurst.
Née en 1973 la saucisse Volkswagen est un outil de paix sociale au sein de l’usine. Indissociable de la pause café des employés. Oui, au milieu de la matinée l’employé VW ne rechigne pas à se séparer de ses gants blancs pour se taper une petite saucisse au Curry. Non content d’en manger le matin à la pause, le midi à la cantine, l’employé modèle peut se procurer sa dose aux nombreux shops VW disséminés autour du complexe industriel et en ramener à sa famille. Les employés avec qui j’ai pu discuter sont tous très fiers de leur grosse saucisse (!).
La Currywurst a conquis le monde. Toutes les usines VW la proposent. Du Brésil à la Chine en passant par l’Inde ou les USA, la saucisse est disponible dans toutes les filiales. Les concessionnaires allemands la proposent aux clients et il n’est pas rare de la trouver à l’épicerie du coin.
Mais comment est fabriquée cette star locale? Depuis la crise de la vache folle la recette a évolué. Alors qu’elle contenait aussi du boeuf, il a été décidé de n’utiliser que du porc. Au début les habitués ont crié au scandale mais l’an dernier les ventes ont doublé, signe que tout cela est oublié. Si jusqu’en 1946 le constructeur abattait ses propres bêtes pour fournir la cantine, aujourd’hui un fournisseur est chargé de sélectionner les meilleures petits cochons. Impossible de visiter le labo de la charcuterie. Les gens de la communication et de la sécurité étant moins paniqués à l’idée de nous voir regarder passer des mulets du prochain Touareg qu’a l’idée de nous en dire plus sur la saucisse siglée VW.
Sachez que les saucisses sont fumées au bois de hêtre et qu’elles sont accompagnées d’un ketchup spécial fourni par un fournisseur selon un strict cahier des charges comme pour n’importe quelle pièce du groupe. J’ignore le taux de Co2 de ces cheminées et si chaque cylindre de porc cache un logiciel. D’ailleurs le nom commercial de la saucisse “Volkswagen Originalteil” signifie “pièce d’origine Volkswagen”. A ce titre elle possède comme pour toute pièce d’origine d’une référence : ‘199 398 500 A’ pour la commander partout dans le monde auprès d’un représentant de la marque. Attention, il existe une variante végétarienne, on pense à tout chez VW.
Bon, et dans l’assiette que vaut elle cette Currywurst? Mon sens du sacrifice m’a poussé évidemment à l’essayer. Pour vous, pour Boîtier Rouge, pour la France. Ce qui surprend au premier abord c’est la taille respectable de la bête. La consistance est assez compacte, et le tout est beaucoup moins gras qu’on pourrait l’imaginer. Première erreur à ne pas commettre : oublier le ketchup ou le curry en poudre. La Currywurst ça se noie sous le Ketchup local et le tout doit être recouvert d’une fine couche de Curry. L’inverse vous vaudra le regard réprobateur de la dame cantine ou les yeux au ciel de la caissière de ladite cantoche. La coutume veut qu’on la coupe en petits morceaux, mais il n’est pas formellement interdit de la déguster sans trancher au préalable. Pour l’accompagnement, là aussi grosse souplesse puisque vous avez le choix entre les pommes de terre et les frites. Une assiette de cette saucisse avec une poignée de frites vous éloignera de la faim pendant au moins 6 heures et sachez que c’est gustativement largement acceptable.
Bon appétit chers lecteurs! On continue bientôt la visite de Wolfsburg avec la visite de l’Autostadt.